Soufiane est originaire de Montpellier,
avant de quitter la France pour Vancouver,
il s'installe à Paris où il s'est formé à l'horlogerie
dans les temples du luxe Parisien. Entretien.
J’avais besoin de me challenger et d’avoir plus d’opportunités dans ma vie. Ayant une âme d’entrepreneur, je tenais à sortir de ma zone de confort et voir si l’herbe était plus verte ailleurs. À 29 ans et sans responsabilités, c’était le moment ou jamais.
Je n’en avais aucune, et c’est selon moi la clé de la réussite. Pourquoi avoir des attentes dans un pays où je n’étais jamais allé ? Je voulais me découvrir et m’ouvrir le champ des possibles.
Je suis arrivé de nuit et j’ai été frappé par la ville. J’avais vraiment l’impression d’être dans un film américain avec les tours illuminées et les grandes routes. Tout me paraissait immense. Je suis arrivé en septembre, le soleil était présent quasiment tous les jours. C’était le prolongement des vacances. Mon premier choc culturel a été la nourriture, je ne voyais que des fast-food!
Ma première frustration a été la recherche d’un appartement, qui a pris un bon mois. J’ai découvert la ville et j’ai dû me débrouiller en anglais pendant mes visites. Malgré mon niveau scolaire, on a toujours la crainte de ne pas faire bonne impression.
Je suis arrivé avec 10 000 € et j’avais mon emploi chez Gucci qui m’attendait, donc cela a été largement suffisant. J’ai pu meubler mon appartement et profiter de la ville les premières semaines.
Via Facebook Marketplace, j’envoyais une courte description de ma situation en insistant sur le fait que j’avais de l’argent de côté pour rassurer les propriétaires.
Les Canadiens sont très polis! Très surpris de me faire arrêter dans la rue et de recevoir des compliments sur mes outfits ! Ça fait plaisir et ça donne confiance. Les Canadiens engagent la conversation très facilement.
Les Canadiens restent très en surface dans les débats. Hors de question de bousculer les opinions et d’entrer dans un débat comme on peut le faire en France. C’est quelque chose qui me manque énormément : les discussions restent assez plates et souvent superficielles ici. Le rapport au travail est beaucoup plus horizontal au Canada. On est beaucoup plus proche des managers et la communication est toujours privilégiée. Grandir au sein de l’entreprise se fait beaucoup plus rapidement.
Je me suis inscrit dans un club de football dès mon premier mois. Cela a facilité mon intégration et j’ai pu tout de suite rencontrer des gens. C’est important de créer du lien social dès son arrivée. Avoir mon travail en arrivant m’a aussi facilité la vie puisque j’ai pu améliorer mon anglais très vite, mais surtout démarrer une vie normale avec un emploi et un appartement. 100 % du travail était fait.
J’ai trouvé mon travail en postulant directement auprès des marques de luxe. J’ai envoyé mon CV depuis Paris sur le site de recrutement de Kering (Gucci), et j’ai été contacté dans les 48 h. J’ai expliqué que je pouvais être sur place dans la semaine.
Bien sûr ! Mon expérience et mes diplômes dans le domaine de l’horlogerie à Paris ont été déterminants dans mon processus de recrutement, puisque j’ai été recruté depuis la France et que l’entreprise m’a attendu plus d’un mois ! J’ai appris par la suite que je suis passé devant 50 CV !
Mon dieu, oui ! Cela a été un stress quotidien pendant trois ans ! La résidence permanente a été mon objectif dès mon arrivée, puisque je me suis senti chez moi à Vancouver. Donc l’obtention de la RP était une obsession. Je n’ai pas dormi une seule nuit sans y penser.
J’ai vraiment eu du mal à supporter la pression au travail à l’approche de l’obtention de la résidence permanente. Je devais attendre d’être tiré au sort, envoyer mes documents et recevoir ma carte de résident, tout en n’ayant aucun mot à dire au travail au risque de perdre mon emploi et donc tous mes points accumulés pour l’obtention de la résidence. Un calvaire dont peu de personnes parlent.
Ayez toujours un coup d’avance, ne soyez pas à la merci des événements. Anticipez la suite dans la mesure du possible. N’arrêtez jamais de réseauter et de chercher de nouvelles opportunités. Le marché du travail au Canada, c’est le réseau.
Non, je savais pourquoi j’avais quitté la France et pourquoi je me sentais bien au Canada. Je gère bien mes émotions et mes objectifs passent au-dessus de tout.
Lors de ma première randonnée, je me suis perdu avec un ami juste après le coucher de soleil! On s’est retrouvé de nuit, sans batterie et sans équipement, au milieu d’une forêt canadienne. J’ai craint pour ma vie !
Ma vie et ma perception du monde ont complètement changé. Je crois beaucoup plus en moi depuis mon arrivée au Canada, car j’ai gagné en expérience, personnellement et professionnellement. Mes réussites sont un moteur qui me permet de rêver plus grand. La France m’a éduqué mais m'a aussi empêché de rêver à cause d’un ascenseur social en panne pour beaucoup. Au Canada, je ne vois pas de différence entre les peuples. La méritocratie à sa place.
Non, je n’aime pas vivre avec des regrets, et je pars du principe que les choix que j’ai faits par le passé étaient les meilleurs à cet instant de ma vie.
Je n’imaginais rien du tout, je n'étais jamais venu au Canada donc j’ai été agréablement surpris par tout ce que j’ai vu en arrivant.
Devenir Canadien et continuer cette aventure en aidant un maximum de francophones à s'installer au Canada de la meilleure des manières.
Ne pas idéaliser le Canada et surtout se mettre en tête que chaque expérience est unique. Nous n’avons pas les mêmes aspirations ni les mêmes objectifs. Chaque expérience vaut le coup d’être vécue avec ses moments de joie et de faiblesse. Certains veulent simplement voyager, d’autres grandir professionnellement. Préparez-vous financièrement, ça vous évitera beaucoup de stress.
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